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TRAVAIL La filière horticole face aux défis de l’attractivité des métiers

La forte mécanisation, la robotisation et la numérisation ont allégé les difficultés physiques des tâches. Mais,conduisant les entreprises vers le modèle industriel, elles accentuent la désillusion de celles et ceux arrivés vers les métiers avec une idéalisation de nature.

La situation des compétences et des emplois dans les entreprises de productions horticoles nécessitait un vaste état des lieux. Verdir et la FNSEA ont mené un travail d’identification des caractéristiques, des points faibles et des atouts. Une grande enquête sur la main-d’œuvre horticole salariée est imminente.

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À la fédération Verdir (ex-FNPHP), un gros chantier dit « Campagne GPEC – gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences n°10 », engagé pour deux ans et terminé en décembre 2022, a permis de faire un point très détaillé sur « La filière horticole face aux défis de l’attractivité des métiers ». L’étude confirme une situation difficile : le secteur production, qui perd chaque année environ 5 % d’exploitations (2 700 restent recensées à ce jour), perd aussi – à CA relativement constant – beaucoup d’employés, dans toutes les tailles d’entreprise. La disparité est réelle entre régions. La concurrence est forte pour garder ses ouvriers, notamment pour les trois premiers paliers de la grille des salaires horticoles : l’agroalimentaire en Vendée, le transport en Maine-et-Loire, la pharmaceutique… sont plus attractifs, en particulier pour les compléments aux salaires (primes, conditions de travail, horaires…). Il semble très difficile de lutter. D’autant que le déficit de main-d’œuvre accentue la difficile capacité à se structurer, donc un recul aussi face à la concurrence européenne.

Moins de fatigue, mais trop loin du rêve…

D’autres points émergent. La forte mécanisation, la robotisation et la numérisation, si elles ont allégé les difficultés physiques des tâches, ont déjà réduit considérablement le nombre réel d’emplois. Mais, en rapprochant les entreprises du modèle industriel, elles cassent le rêve et accentuent la déception, voire la désillusion, de celles et ceux arrivés vers ces métiers par passion avec un rêve, voire une idéalisation de nature.

L’étude révèle aussi que, pour l’ensemble des contrats actifs de 2021, en additionnant tous les contrats à durée limitée, le total des CDD représente l’écrasante majorité avec 73,8 % des embauches conclues. Les emplois saisonniers sont prégnants pour l’activité. La baisse sensible des offres en CDI et l’augmentation des emplois précaires peuvent expliquer une partie du manque d’attractivité du secteur. Les questions de parité femme-homme, sensiblement plus favorables en horticulture qu’en agriculture générale, sont également scrutées de près.

Un outil et des prospectives

Maxime Passebon, chargé de mission emploi, formation et promotion des métiers chez Verdir, a produit la synthèse d’une soixantaine de pages. Il explicite : « Avec l’étude GPEC 10, les productions horticoles ont maintenant un véritable outil de bilan très concret, chiffré et analysé et des leviers à activer. Reste à voir comment entraîner les entreprises. Avec l’accompagnement de la FNSEA (Verdir fait partie de la commission paritaire de la fédération agricole), la mobilisation qui se met en place et des politiques incitatives, nous pouvons voir où corriger les facteurs d’attractivité. Avec l’étude GPEC n°11, nous commençons à travailler sur des prospectives. Nous allons lancer une grande enquête sur la main-d’œuvre horticole salariée : les profils et parcours, les éléments de satisfaction ou non, identifier les bonnes pratiques… Un groupe va travailler aussi sur la perception de notre secteur, par les demandeurs d’emploi, les personnes en reconversion… ».

L’humain, mais aussi le végétal

Malgré son contexte compliqué, lors de son dernier congrès en 2022, le secteur production a affirmé qu’il était prêt à évoluer avec une mise en lumière : « L’humain : l’énergie de nos entreprises ».

Pour attirer de nouvelles compétences, la fédération poursuit son travail d’image. La transformation récente de FNPHP (Fédération nationale des producteurs de l'horticulture et des pépinières) en Verdir et la nouvelle couleur (orange) tentent d’y contribuer. Vient le temps d’arguments plus sociétaux : « Nous avons des atouts avec la place du végétal. Nous pouvons communiquer par exemple sur les motus “Le végétal c’est essentiel”, “S’engager en horticulture, c’est s’engager pour la planète”. Alors les 20 et 21 juin à Avignon (84), le congrès 2023 portera le flambeau : « Notre végétal est environnemental ! », annoncent les responsables de Verdir.

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